Attribution actuelle : Actarius d'Euphor (fief de retraite)
Précédent(s) Seigneur(s) : Aucun
Description des armoiries : « De gueules à la pointe d'argent. »
Devise du fief : Inconnue
Gentilé : Tourneloises - Tournelois
Avant le XIIIe siècle, la famille du Tournel se désigne plus comme seigneur que comme baron. C'est à cette période que se bâtit le château. À l'époque, la baronnie est décomposée en cinq mandements : Tournel, Chapieu, Montialoux, Montmirat et Montfort. Le château du Tournel est donc la pièce majeure et centrale des possessions qui s'étendent du mont Lozère, jusqu'à Mende en suivant la vallée du Lot, ainsi que dans le Valdonnez (vallée de la Nize et du Bramont).
Les fortifications du château de Chapieu (sur le mont Mimat, au dessus de Mende) seront consolidées par l'évêque Aldebert III du Tournel, fils de Odilon-Guérin I, baron du Tournel. Il semble que ce soit à Chapieu qu'était établie la famille avant le XIIIe siècle (le nom du Tournel ayant été rajouté a posteriori pour Aldebert), puisque on retrouve facilement le nom de Capio (pour Chapieu) au XIIe siècle, comme le porte la trobairitz Iseut de Capio. La famille prend donc le nom de Tournel vers 1215, la première mention du nom est faite en 1219 dans un hommage d'Odilon-Guérin à l'évêque Guillaume IV de Peyre. C'est donc, semble-t-il, à cette date que la famille aurait investi le château du Tournel.
Cependant, vers 1307, la famille a décidé de s'éloigner du château de défense, lui préférant le confort du château du Boy dans le Valdonnez.
Le site est réputé comme étant imprenable, et sera donc une solution de repli très importante pour la famille lors des diverses guerres et querelles qui rythment la vie du Gévaudan. Cependant, au début de la guerre de Cent Ans, les Tournel songent plus à fortifier grandement le château du Boy, plutôt que de retourner au Tournel. Une majeure partie des châteaux autour de Mende (Balsièges, Montialoux, ...) sera détruite par les troupes de Matthieu Merle. Le mandement de Montfort, lui, domine une partie des Cévennes, jusqu'à Villefort.
La position du château permettait le verrouillage de la haute vallée du Lot et était réputée imprenable. Cependant durant les guerres de religion, le baron perdit le château au profit des protestants. Il le reconquit à l'aide des femmes. Les nouveaux maîtres du château surveillaient de très près les moindres mouvements dans les environs et particulièrement dans le village. Un jour, les femmes prétendant jour de lessive, montèrent au château. En prenant le linge, elles examinèrent les lieux et les hommes présents. Elles ont également distrait les défenseurs afin de permettre aux hommes du baron de s'approcher. Elles emportèrent le linge à la rivière. À leurs retours, les défenseurs protestants leur ouvrirent les portes en grand, permettant ainsi la reconquête du château par les hommes du baron cachés dans le linge.
Légende sur le château :
Durant les croisades, le seigneur du Tournel répondant à l'appel du Pape partit libérer la Terre Sainte. Il emmena son page Aymeri et la plupart de ses hommes. Ne restèrent que les femmes, les vieillards et les enfants. Gilette la femme du seigneur et Yolande sa servante en étaient très triste. Le temps fut long à passer et les deux femmes refusèrent toutes les avances des quelques hommes restés au château en invoquant la fidélité à leur homme. Un jour, Aymeri revint seul porteur de mauvaises nouvelles. Il apprit à Gilette que son mari avait été tué lors de la bataille décisive, mais que sa mort leur donna la victoire. Yolande parvint à cacher sa joie de savoir que ce fut le seigneur qui fut tué et non Aymeri, son amant. Mais sa joie fut de courte durée, Aymeri la délaissa pour faire la cour à Gilette. La jalousie finit par la dévorer. Un soir, lors du repas, Yolande poignarda son ancien amant avant de se donner la mort. Gilette fut très affectée par la mort de son prétendant et de celle de sa servante préférée. Le lendemain arrivèrent au château les rescapés de la troupe du seigneur. Ceux-ci cherchaient vengeance pour la mort de leur seigneur trahi par son page Aymeri. Apprenant cela Gilette fit pendre à une tour du château le corps d'Aymeri qui l'avait trahi par deux fois. Elle alla ensuite s'enfermer jusqu'à sa mort dans un couvent. Le corps d'Aymeri resta longtemps pendu à la tour, mais disparut mystérieusement une nuit sans lune. Son fantôme hante peut-être les ruines du château et du village !
Plusieurs membres de la famille des Tournel se sont distingués par leurs oeuvres poétiques. Deux troubadouresses, Iseult de Chapieu et Azalaïs d’Altier, écrivirent au XIIIe siècle de célèbres poésies en langue d’Oc.
L'église de Saint Julien du Tournel est un austère édifice, en pierre grise, aux contreforts puissants, qui émerge à peine des cimes des arbres qui semblent protéger le village des regards indiscrets. Elle est d’architecture romane, et date du XIIe-XIIIe siècle.
Architecture : Chevet pentagonal avec corniche à modillons historiés, portail en plein cintre à 3 voussures et fenêtre romane, nef de 3 travées en plein cintre, chœur où s'ouvrent 2 chapelles, abside en cul-de-four avec décor d'arcs sur colonnettes, clocher-peigne à 2 baies, arc triomphal, chapiteaux sculptés, corniche extérieure à modillons historiés. Outre son architecture, l'église de Saint Julien du Tournel est remarquable par les restes de peintures murales qui en recouvraient l'intérieur.