Cristòl a écrit:
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De moi, Cristòl de Sìarr, humble Vicomte des Fenouillèdes, Baron de Saint-Félix & Chevalier de France,
Aux généalogistes royaux de Sant-Antoni-lo-Pichon,
A Klan l'Acier, Coms de Lengadòc, suzerain de la terre d’òc que je chérirai à jamais,
A Nebisa de Malemort, ceinte d’une couronne moins pesante que son orgueil,
Salut.
Il vient un temps où les mots échouent à décrire le cœur d’un homme. Quand ce temps vient & que l’expérience a empli ce cœur de tant de savoirs, de tant de
regrets, de tant d’aspirations contradictoires, quoique nécessaires, pour la fin de sa vie, il ne reste à cet homme qu’à faire le sacrifice de ce à quoi il peut
renoncer du meilleur gré ; ce faisant élaguant les branches les plus fournies qui étouffent l’arbre de sa vie & le contraignent à une fructification multiple mais
chétive, il laisse la lumière entrer jusqu’au tronc central de l’arbre & permet aux branches restantes de s’épanouir & de porter de rares mais beaux
fruits.
Fidèle ainsi à la devise que je me suis donnée, jadis, dans le vœux pieux de suivre les traces d’un père non parfait, mais exemplaire, le temps est venu pour moi,
avant l’hiver de mes jours, de tailler toute branche dont il m’est permis de faire l’économie ; je choisis l’abandon de ce que je gagnai par héritage, par ténacité,
par honneur, par douleur, l’abandon d’une noblesse qui m’a accueilli sans que jamais je ne m’en crusse tout à fait digne, moi que le sort avait fait grandir loin de
mon sang & loin de toutes les considérations gonflant le cœur d’un homme du monde.
Ainsi que mon père jadis renonça en ma faveur à toute matérialité & partit, anachorète, vivre de savoir & d’errances dévotes, je souhaite abandonner toute
dignité de parchemin & en revêtir, de mon seul gré, & voulant choisir le moment avant d’y être contraint par la Mort, mes héritiers.
Qu'ainsi, ayant pour héritier devant la coutume de Saint-Félix le Seigneur de Marmorières, Lop Guilhem d'Alanha, fils de mon épouse, frère de ma fille ; ayant par
droit de sang & légitime naissance pour héritière devant les lois royales Aimelina de Sìarr, née de mon union d'avec sa mère Paula-Estèva d'Alanha & légitimée
par le mariage, je dispose qu'icelle fille hérite en propre des deux fiefs que je tiens du Comte du Languedoc, à savoir la Vicomtat de Fenolhèdes & la Baronnie de
Sant-Féliç.
Je la prie de comprendre la coutume de Saint-Félix faisant de son frère Lop Guilhem héritier de cette baronnie ; & plaise à mon héritière qu'elle fasse dès à
présent entrer son propre héritier en jouissance de la terre qui lui revient par coutume & pour expier la faute que je commis par le passé à l'égard de son père,
mon parrain. Plaise également à mon héritière de pardonner cette faute que je commis, au nom de laquelle son héritage se voit diminué, si par l'honneur dont je la
crois vêtue elle consent à cet acte ; & s'il devait se faire qu'elle n'y consentît point, elle serait alors Vicomtesse de Fenouillèdes & Baronne de
Saint-Félix, terres que je lui recommande d'entretenir avec soin ; & si par sagesse elle consentait par sa propre renonciation à revêtir son frère du titre de
Baron de Saint-Félix, c'est à tous deux que je formule cette recommandation, chacun pour la terre dont il aura la charge.
Je lègue encore dès à présent à Aimelina de Sìarr, ma légitime fille, la couronne vicomtale que me légua jadis Marguerite de Volpilhat « pour en ceindre le front de la
future vicomtesse des Fenouillèdes », car il se fit que la Vicomtesse des Fenouillèdes, mon épouse, avait couronne plus haute à arborer, & il se fait que ma bien
aimée & légitime fille porte l'essence de l'amour que j'eus pour Marguerite de Volpilhat, item celui qu'en conçut sa mère Paula-Estèva d'Alanha.
C'est enfin à la Couronne de France que je rends ma dignité de Chevalier de France ; je servis sans arrière-pensées la Couronne que j'aime & au nom du paratge
occitan, sans quoi il n'y aurait de valeurs chevaleresques ; rendu à cet âge de ma vie, & à ces personnes à servir, je ne peux plus avant remplir mes devoirs de
sincérité de cœur ; à l'heure de rendre ce titre qui, de tous, représenta le plus pour moi, je n'ai pas un regret, mais un vœu pour la France : la paix & le
désintéressement des grands qui nous gouvernent. Je considère comme un privilège de me retirer dans la pleine conscience de mes actes, lorsque mon entendement n'est
point gâté par l'âge.
Pour faire valoir pleinement & pour les temps à venir le présent acte de renonciation, je l'ai scellé de mon sceau & y ai apposé mon seing, le vendredi, XIVème
jour des kalendes de novembre de l'an d'Horace mil quatre cent quatre vingt neuf [19 octobre 2011].
Christophorus Siarris
E fructu arbor cognoscitur.
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DONATION ENTRE
VIFS
Nous, Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, dite
Phylogène
, Maréchal d'Ames royal :
- prenons acte de la volonté formulée par Sa Grandeur Cristòl de Sìarr, comte du Gévaudan, vicomte de Fenouillèdes, baron
d'Alaigne et de Saint-Félix, seigneur de Mireval, chevalier de France, de transmettre de son vivant les titres et terres
de Fenouillèdes et de Saint-Félix à sa fille Aimelina, fruit de son union légitime avec Paula-Estèva d'Alanha;
- conséquemment, considérant la majorité du donataire et la conservation par le donateur d'un fief de plus haut rang du fait de l'union sus-citée et considérant les coutumes
héraldiques et les lois héraldiques royales du neuf juillet de l'an de grâce mille quatre cent cinquante-huit révisées le six juillet de l'an de grâce mille quatre cent
cinquante-neuf au chapitre relatif au lignage noble et à l'hérédité, décrétons que ladite Aimelina jouit désormais
de plein droit du vicomté de Fenouillèdes et de la baronnie de Saint-Félix,
mouvants du comté du Languedoc, et de tous les droits, prérogatives, honneurs, préséances, privilèges, franchises, fruits et
profits y étant attachés;
- enjoignons la nouvelle vicomtesse à porter titre et à arborer armes de son fief;
- précisons qu'en vertu des coutumes et lois susdites, Sa Grandeur Cristòl de Sìarr abandonne par suite tout droit sur les fief ainsi transmis.
Rédigé et scellé sur les routes du sud le vingt-sixième jour d'octobre de l'an de grâce MCDLIX.
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